Le Casse-tête de Barbe Noire
Lettre ouverte de la Guilde des Pirates, Corsaires et Flibustiers aux amateurs de casse-têtes, de jeux de logique et de chasse aux trésors.
Depuis quelques années nous sommes alertés par nos membres les plus éminents au sujet d’un inquiétant phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur : La vogue des Rébus, Labyrinthes et autres Boites à Secret.
Il est absolument révoltant que nos trésors et nos butins, dignement acquis et patiemment collectés au cours des siècles puissent être mis en danger par une bande de chercheurs et de manieurs d’énigmes dont le seul but est manifestement de spolier les descendants des honnêtes commerçants que nous avons l’honneur de représenter.
L’Honorable Guilde des Pilleurs, Rançonneurs et Bandits de grand chemin avec qui nous entretenons d’excellentes relations se joint à moi pour déplorer ces manœuvres bassement philanthropiques qui, sous couvert de loisir, d’éducation de santé et de plaisir risquent de mettre à mal un pan entier de notre économie souterraine et de notre culture des pots de vins et des dessous de tonneaux.
Il n’est pas un jour sans que fleurissent de nouvelles créations permettant à nos ennemis de s’entrainer à percer les arcanes insondables de nos cartes au trésor. Nous devons décréter l’état d’urgence, ressortir nos sabres de guerre et combattre toutes ces croix du charpentier, ces serpents maléfiques et ces anneaux démoniaques qui menacent nos sequins et nos doublons.
A moi, fieffés coquins, boucaniers, faux borgnes, unijambistes et écumeurs des mers, il est temps que le drapeau noir flotte à nouveau sur l’ile de la Tortue.
Barbe Noire, arrêtes de m’envoyer des coffres remplis de ces maléfiques inventions, je pourrais bien me prendre au jeu et finir par succomber à la tentation et au plaisir de résoudre ces énigmes improbables.
Justement, en parlant de la boite à chiffer d’Henri II que tu m’as fait parvenir la semaine dernière, sache que je bute encore sur la méthode et qu’il serait bon que tu me fasses parvenir la solution. Profites-en pour me donner aussi celle du Cryptex. Ce satané Léonard de Vinci est trop malin pour mon vieux cerveau et le Da Vinci code est épuisé à la librairie d’Hispaniola.
Non, je ne suis pas en train de passer à l’ennemi, bien au contraire. Mon esprit retors de vieux coquin a échafaudé une stratégie d’élite. On ne combat bien que ce qu’on connait. Ainsi, je passe mon temps libre à décrypter ces étranges objets.
Grace à ma jambe en bois, je peux les tapoter pour trouver leurs faiblesses, à l’aide de mon grappin je peux les crocheter, du moins en théorie, muni de mon bandeau, il m’est facile de viser le bon rouage et si je n’arrive à rien, mon mousquet réglera l’affaire pour de bon.
Bon, d’accord, je n’ai plus beaucoup de munitions et le pont de mon galion est constellé de poutres, de clous, d’anneaux et d’autres pièces aux formes étranges.
Cela prouve au moins que je vise bien, n’est-ce pas, Barbe Noire ?
Il est temps maintenant de jeter l’ancre et de mettre mon beau bracelet marin en cuir. Il me va comme un gant. Ça tombe bien, s’habiller avec un seul bras est un vrai casse-tête.